« Les entreprises qui ont des fonds d’investissement dans leur capital s’en sortiront mieux »

INITIATIVE & FINANCE accompagne les dirigeants de PME depuis plus de trente-cinq ans. Ses équipes, basées à Paris et à Lyon, gèrent plus de 400 M€ pour le compte d’investisseurs institutionnels français et européens de premier plan. Une activité qui lui confère une forte capacité de recul quant à la crise actuelle. MAESTRIUM a interrogé Arnaud MENDELSOHN, Directeur Associé, sur les défis auxquels font face les entreprises qu’INITIATIVE & FINANCE accompagne.

 

MAESTRIUM : Nous l’avons vu, les conséquences économiques et financières de la crise sanitaire ont amené un grand nombre d’entreprises à se réorganiser en urgence, à repenser leur modèle. Initiative & Finance accompagne un grand nombre de sociétés, implantées en France et dans le monde. Quelles réponses immédiates leur avez-vous apportées ?

Arnaud MENDELSOHN : Au début du confinement, l’urgence a porté sur les protocoles, la reconfiguration de l’activité et le chômage partiel. Nous avons donc aidé les entreprises de notre portefeuille sur ces sujets très opérationnels. Les banques ayant été assez pro-actives au sujet du remboursement des emprunts, cela nous a laissé quelques semaines pour nous concentrer sur les mesures immédiates. Pour être utiles aux PME que nous accompagnons, nous avons mutualisé les expériences et mis à leur disposition les « best practices » que nous avons pu recueillir. Par ailleurs, nous avons sollicité avocats et experts, et avons ouvert une hotline juridique, ce qui était une première pour nous. C’était essentiel, car les entreprises que l’on accompagne n’ont pas toujours un accès immédiat à des experts et elles avaient besoin de réponses aussi rapides que solides.

 

MAESTRIUM : Face à la situation actuelle, quels avantages l’accompagnement par un fonds tel qu’Initiative & Finance donnent-ils à une entreprise ?

 

Arnaud MENDELSOHN : Concrètement, nous avons mis en place une fréquence de réunions très resserrée, quotidienne ou à raison de deux à trois fois par semaine. Cela nous a permis d’accompagner les entreprises depuis les mesures d’urgence jusqu’aux mesures à moyen et long terme. Une fois les premières traitées, nous nous sommes concentrés sur les sujets de trésorerie. Sur le plan financier, la question concernait surtout les prêts garantis par l’État (PGE). Avant d’aller voir les banques, nous avons privilégié la structuration de solutions à moyen terme. L’idée était d’être bien préparés, d’avoir les bons arguments pour n’emprunter qu’en fonction des besoins réels. Car d’autres leviers sont à considérer, en interférence avec les projets de l’entreprise, dont notamment les sujets de croissance externe. La matrice est complexe, mais nous avons pris le temps travailler sur le temps long. Les entreprises de notre portefeuille ont donc bénéficié d’une approche plus structurée face aux PGE. En réalité, cette volonté d’éviter la précipitation est valable à chaque crise : nous sommes là pour aider les PME à sortir la tête du quotidien. Nous les obligeons à se poser certaines questions et nous partageons beaucoup l’expérience acquise au contact de nombreuses entreprises. Toutes choses dont ils ne peuvent disposer en interne, par manque de temps. Derrière, cela leur donne des leviers d’action, c’est donc fondamental.

 

MAESTRIUM : Selon vous, quels seront les dossiers prioritaires des Directeurs Administratifs & Financiers à échéance 2021 ?

Arnaud MENDELSOHN : Nous avons profité de la période pour descendre dans le cœur du réacteur, et nous avons aidé les PME à mettre en place des plans de trésorerie, des plans de suivi. Mon conseil serait de continuer à utiliser les outils de prévision mis au point pendant la crise – notamment pour le cash – pour piloter au mieux dans le futur. D’autant qu’il va y avoir une augmentation des besoins en fond de roulement (BFR), avec des clients allongeant les délais de paiement, voire étant défaillants, alors que, dès l’année prochaine démarrera le remboursement des PGE. À mes yeux, ce sont donc les questions de pilotage et de prévision qui vont accaparer les directeurs financiers dans les prochains mois.

 

MAESTRIUM : Y a-t-il une vraie disparité de stratégies à mener en fonction des tailles et/ou des secteurs d’entreprise ? Ou est-ce que cela tourne pour toutes les entreprises autour des mêmes sujets : cash et contrôle de l’endettement, anticipation, reporting en temps réel, risques de faillites de clients et/ou fournisseurs etc. ?

Arnaud MENDELSOHN : Bien sûr, les sujets que vous évoquez vont rester prioritaires et ils ne diffèrent pas selon la taille des entreprises. En revanche, les petites entreprises ont souvent des relations dissymétriques avec leurs grands donneurs d’ordre. Il y a donc une sensibilité face à leur comportement qu’il faut gérer avec prudence. Par exemple, quand un client important souhaite augmenter ses délais de paiement de 30 jours, cela impacte fortement le bilan d’une PME. Nous les accompagnons donc pour qu’elles rencontrent leurs clients, qu’elles puissent anticiper leur conduite et les intégrer à leurs outils de pilotage. Cela permet de prévoir un impact sur le BFR avant par exemple d’aller voir les banques. Par ailleurs, les PME ont des ressources internes plus limitées pour s’occuper des sujets que vous listez. Elles ont, de fait, moins de capacité à y consacrer du temps, d’où l’intérêt pour elles de pouvoir compter sur nous.

 

MAESTRIUM : La crise modifie-t-elle vos stratégies d’investissement ? Attendez-vous aujourd’hui d’une entreprise des engagements que vous n’attendiez pas hier ?

 Arnaud MENDELSOHN : En réalité, pas vraiment. Chaque crise apporte son lot de problèmes, celle-ci est particulière mais, finalement, elle ne change pas notre approche. Car chaque crise a renforcé notre conviction : considérer les entreprises pour leur projet sur le long terme. Nous avons toujours structuré les opérations raisonnablement, gardé du cash en face de la dette, etc. Cela nous permet d’être solides en cas de crise, nous avons des leviers d’action, nous avons des niveaux de dette d’acquisition raisonnables : on continuera de la même façon.

 

MAESTRIUM : Les fonds d’investissement seront-ils l’un des acteurs principaux de la relance économique française ?

 Arnaud MENDELSOHN : Je suis absolument convaincu que nous serons un acteur positif pour la partie de l’économie dans laquelle nous sommes investis. Les entreprises qui ont des fonds d’investissement au capital s’en sortiront mieux car elles sont accompagnées, d’autant que les fonds sont eux aussi en réseau, ce qui renforce encore leur capacité de conseil. Il faut bien avoir à l’esprit que le Private Equity réfléchit à long terme et que nous cherchons toujours, quelle que soit la situation, à aider les entreprises à se structurer, à être plus pérennes. Les accompagner vers des structures de management renforcées, les rendre plus solides, c’est notre rôle, même – et surtout – en temps de crise !

 

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